Elevage intensif

Point sur la ferme-usine de Landunvez

Les conclusions du commissaire enquêteur

Que le pétitionnaire dans son mémoire en réponse à apporté les réponses suivantes:
– à propos des remarques des riverains: « La crainte émise par les personnes ayant noté des remarques est limitée, car aucune de leurs habitations n’est située sous les vents dominants »,
– à propos des pollutions par les nitrates et de l’apparition des algues vertes: « il ne peut y avoir d’excès et donc de fuites dans le milieu »,
– à propos de la fermeture des plages après des pollutions: « l’élevage n’a jamais été mis en cause »,
– à propos des effets sur la santé: « il n ‘y a aucune conséquence sur la santé », «les valeurs restent très largement inférieures aux recommandations »,
– à propos de la diminution de la valeur immobilière: «les installations étaient antérieures aux acquisitions »,
– à propos de la mise en place d’une station de méthanisation pour limiter les nuisances: « La mise en œuvre d’une installation de méthanisation a été étudiée en 2012. Le projet ne trouvait pas de rentabilité économique avec les effluents issus de l’élevage» ;
_ Que les réponses aux observations de l’autorité environnementale et aux observations du public sont de nature trop générale et non étayées par une étude d’impact sérieuse concernant ce projet;

Par toutes ces considérations qui précédent :
J’émets un avis défavorable au projet d’extension de la SARL AVEL VOR en particulier en raison de l’absence d’étude d’impact prenant en compte les effets cumulés sur l’environnement de l’augmentation des effectifs dans les bâtiments d’élevage mais
également du surcroit de lisier à traiter dans les installations annexes: station de traitement biologique, installation de compostage, lagune, etc. dont le mode de fonctionnement sera modifié de manière conséquente, tant dans les aménagements que dans les modes de fonctionnement; absence d’étude d’autant plus regrettable que cet élevage fait déjà dans sa situation actuelle l’objet d’observations sur des gênes relatives à de nombreuses nuisances provenant des installations de la SARL AVEL VOR. Ces gênes étant plus particulièrement ressenties par les habitants de la commune de LANDUNVEZ, et plus particulièrement par les résidants des habitations et les usagers des bâtiments communaux et de l’école, situés dans la zone des 300 m.

Fait à Brest le 29 octobre 2015
Le Commissaire-Enquêteur
Alain GERAULT

L’usine à cochon et à lisier de Landunvez

1

Une installation située en limite de la zone humide de Landunvez

2

L’épandage

3

Les questions que ce projet pose

L’impact sur l’environnement et la santé

  • Les terres polluées de nitrates, phosphates, antibiotiques, cuivre et zinc
  • L’air pollué par l’ammoniac, les odeurs et les émissions de méthane
  • Les eaux souterraines et de surface polluées : nitrates, antibiotiques, bactéries fécales (Escherichia coli, entérocoques), composants chimiques mutagènes
  • Le rivage et le milieu marin qui récupèrent le tout à la fin comme le montre la prolifération des algues vertes et les interdictions de plage à Landunvez et ailleurs, l’océan est encore une poubelle pour beaucoup de nos décideurs

Un choix économique dépassé

  • Un modèle agricole très défavorable à l’emploi
  • Des productions qui ne répondent plus aux attentes des populations (sondage IFOP 2015 : 68% des français défavorables aux fermes-usines) : faible qualité alimentaire, risques pour la santé, souffrance animale
  • Une production low cost destinée à l’export en Asie, largement subventionnée alors que ce n’est qu’une opération financière
  • Une absence de vision sur les besoins alimentaires de nos territoires

L’impact négatif sur un développement territorial équilibré

  • La domination d’un modèle productiviste, mono-cultural et exclusif qui nuit aux autres modèles agricoles paysan, raisonné ou bio : maïs intensif, pesticides, pollution des eaux, accaparement et concentration des terres par une minorité, diktat des gros investisseurs et des financiers, et qui marque Landunvez de façon négative et durable
  • Le rejet du tourisme, et d’autres formes d’activité économique (artisanat, activités maritimes)
  • Des choix imposés à la population locale, à l’heure où l’attente démocratique ne cesse de croître
  • Une image négative du territoire

Les libertés prises avec la loi

  • L’extension a été réalisée alors que l’installation de traitement et de lagunage n’est pas conforme à l’arrêté préfectoral
  • Le permis de construire n’a pas été déposé en temps et en heure
  • 9 décembre 2016 : mise en demeure des services préfectoraux pour graves atteintes à la protection de l’environnement

Quelques données

  • L’extension d’une installation située à 200m de l’école, du centre aéré, de la salle de sport, des habitations
  • 13 750 animaux en permanence sur le site soit une augmentation de 3 575 animaux
  • Une production annuelle de 26 600 porcs charcutiers
  • 22 333 m3 de lisier produits par an, soit 60 tonnes de lisier par jour, l’équivalent des déjections d’une ville de 36 000 habitants, avec un stockage dans des cuves non fermées
  • Un plan d’épandage de 147 ha sur les bassins versants de Foul et des rivières de Kersaint et de Trémazan, sur des terres sursaturées (ZES depuis plus de 20 ans) et des nappes phréatiques déjà surchargées en nitrates
  • Une exploitation située aux portes du Parc Marin d’Iroise et en pleine zone Natura 2000
  • Un promoteur qui est le puissant Président du Comité régional porcin et aujourd’hui le Président délégué d’Evel’Up, qui regroupe 1.000 éleveurs pour une production de 4,5 millions de porcs par an.

Les dates

  • 9 octobre 2019 : courrier d’Eaux et Rivières de Bretagne envoyé au préfet du Finistère
  • 23 juillet 2019 : l’AEPI, l’APPCL et Eau et Rivières de Bretagne publient un communiqué de presse dénonçant l’inaction de la préfecture
  • 17 mai 2019 : le tribunal administratif de Rennes prononce l’annulation de l’autorisation d’extension de la porcherie industrielle
  • Juin 2017 : le promoteur confirme à la presse que l’extension est réalisée
  • 20 avril 2017 : création du Collectif « Non à l’usine à cochons de Landunvez » : AEPI, APPCL, AE2D, Bretagne Vivante, Eau et Rivières de Bretagne, UFC Que Choisir
  • Décembre 2016 : AEPI et APPCL décident d’informer et de mobiliser davantage la population
  • 1er août 2016 : AEPI et ERB (Eau et Rivières de Bretagne) déposent un recours devant le Tribunal Administratif de Rennes en vue d’annuler l’arrêté préfectoral. L’APPCL (Association Pour la Protection de la Côte des Légendes) dépose ensuite un mémoire en intervention volontaire pour compléter le dossier.
  • 1er avril 2016 : le Préfet du Finistère cède au lobby porcin et autorise l’extension
  • 15 janvier 2016 : avis défavorable de la DDTM (Direction départementale des Territoires et de la Mer)
  • 9 décembre 2015 : création de l’association Avenir et Environnement en Pays d’Iroise
  • 29 octobre 2015 : Avis défavorable du Commissaire-Enquêteur
  • 7 août 2015 : Défaillances de l’étude d’impact relevées par l’Autorité Environnementale
  • 29 décembre 2014 : dépôt du projet d’extension par Avel Vor

L’impact maritime : l’action Parc Marin

  • La rivière du Foul se jette en mer à un mille nautique du Parc Marin
  • Aucune consultation des acteurs du monde maritime (Parc Marin, AF Biodiversité – Zones Natura 2000, Professionnels de la mer -ostréiculture, pêche, culture et récolte des algues)
  • Le Parc Marin du Bassin d’Arcachon vote un avis simple défavorable au projet de mégaporcherie de St Symphorien (taille comparable mais à 60 km !)
  • AEPI et APPCL ont rencontré la direction du Parc d’Iroise et ont transmis tous les documents
  • Rencontre d’ERB et Bretagne Vivante qui ont décidé de porter le sujet au Conseil de gestion du Parc
  • Rencontre des représentants de UBO, Ifremer, Comité Régional de la Conchyliculture, Chambre syndicale des algues,… qui manifestent également leur désaccord avec le « projet »
  • Plusieurs membres du Conseil de gestion demandent que le sujet soit mis à l’ordre du jour
  • A la demande du Préfet, le Bureau du Parc s’oppose, à ce qu’un avis officiel soit rendu
  • 15 juin 2017 : Le conseil de gestion se saisit du sujet, nombreuses interventions mais la Présidente et le Directeur disent qu’on ne peut rien faire car le Parc a été saisi trop tard !
  • YM Paulet (UBO) : « Si une ville de 36 000 personnes avait été bâtie nous aurions été mis au courant ! Le PNMI aurait pu aussi s’informer !«