Sommes nous à l’abri d’un accident industriel à Landunvez ?
Le déversement de 100.000 litres de lisier de porc dans le Jet à Elliant le 21 avril dernier a entraîné une mortalité très importante de poissons dans la pisciculture du Jet et anéantit le ruisseau sur une distance de 12 km. Déjà, il y a six ans, dans la même exploitation porcine, un tractopelle avait endommagé une canalisation contenant du lisier…et détruisant la faune de la rivière. Face à ce type d’accident la chambre d’agriculture parle d’un « aléa technique exceptionnel », un événement d’autant plus regrettable que l’éleveur venait d’investir dans une installation totalement rénovée afin de sécuriser au maximum la gestion des effluents. Les similitudes existent entre cette porcherie d’Elliant et celle d’Avel Vor de Landunvez, à 300 mètres du bourg. Ceci a ravivé les inquiétudes et les craintes des associations membres du collectif Landunvez. Dans les deux cas les installations sont au top de la modernité, seulement l’échelle n’est pas la même : à Elliant il s’agit d’une exploitation de 200 porcs, à Landunvez la ferme usine de 13.750 porcs produit 60 tonnes de lisier par jour (22.000 tonnes par an). En cas d’accident à Landunvez, les conséquences seraient énormes sur le cours d’eau et le littoral tout proche, lieu de baignade et loisirs très prisés. A Elliant on nous explique que c’est la rupture d’un bouchon d’une canalisation qui reliait la préfosse à la fosse à lisier qui a provoqué la pollution. C’est aussi un projet de canalisation qui pose problème à Landunvez. En effet, l’exploitant s’était engagé à construire, avant la mise en exploitation des extensions de bâtiment un ouvrage de stockage des effluents, situé à Kérincuff à plus d’ 1 km du lieu de l’exploitation principale. Les extensions ont été réalisées il y a un an, un trou de 4 mètres de profondeur, sur 1.750 M2 environb (soit 7.000M3) a été creusé récemment en bordure de route communale.
Reste à le relier à l’exploitation par un « lisioduc » d’une longueur de 1 km qui doit traverser la zone humide de Landunvez, couper à travers champs et enjamber la rivière Foul qui se jette un peu plus loin sur la magnifique plage de Penfoul. La plus grande opacité règne au sujet de cette canalisation pour laquelle aucun permis de construire n’a été délivré. Quand on construit plus d’1 km de canalisations, ne multiplie-t-on pas d’autant les risques d’accidents industriels, d’« aléas techniques exceptionnels » ?
Quelle garantie avons-nous qu’un tractopelle ou qu’un tracteur ne vienne heurter malencontreusement une canalisation ? On a peine à imaginer alors l’ampleur des dégâts causés. Les associations membres du collectif de Landunvez souhaiteraient savoir si un plan de gestion des risques en cas de rupture est disponible à la mairie. Elles exigent que la lumière soit faite sur ce dossier et que les mesures de prévention destinées à éviter une nouvelle catastrophe environnementale soit rendues publiques.
ERB : Eau et Rivières de Bretagne (Jean-Yves Piriou)
APPCA : Association Pour la Protection de la Côte des Abers (Laurent le Berre)
AEPI : Avenir et Environnement en Pays d’Iroise (Jacqueline Rolland)