Nos eaux de baignade en danger
COMMUNIQUE du 16 août 2018
Eaux et Rivières de Bretagne,
AEPI (Avenir et Environnement en Pays d’Iroise)
APPCL (Association pour la Protection et la Promotion de la Côte des Légendes)
Sur les 11 plages bretonnes ayant des eaux de baignade de mauvaise qualité en 2017, 6 se situent sur le littoral du Nord-Finistère :Santec (Théven), Plougoulm (Guillec), Guisseny (Croix et Barrachou) , Landunvez (Chateau) et Ploudalmézeau (Tréompan). Les 2 plages de Guisseny ont été fermées administrativement en 2018 à cause de 5 années consécutives de mauvais résultats (contamination régulière par des bactéries).
La côte nord du Pays d’Iroise est particulièrement touchée : le 14 août 2018 , neuf plages sont fermées : 4 sur Porspoder, 4 sur Landunvez et 1 à Ploudalmézeau. En fermeture préventive temporaire par les mairies, on a les plages du Bourg , de Melon et de Porzmeur à Porspoder, de Gwentrez, Penfoul, Chateau et Gwisselier à Landunvez. La plage du Mazou à Porspoder est fermée depuis 2 ans pour raison sanitaire. Quant à la plage du Chateau à Landunvez, bien que toujours ouverte, elle va probablement subir en 2018 une 4ème année de mauvais classement et, si çà continue en 2019, sera fermée administrativement de façon permanente.
La plage de Tréompan à Ploudalmézeau a atteint les sommets : après 4 années de mauvais résultats (2014 à 2017), elle a été fermée par arrêté du maire en juin dernier pour toute la saison 2018, sans que l’Agence Régionale de la Santé (ARS) n’ait recommandé cette solution.
Ceci suscite plusieurs réactions d’indignation de la part de nos associations :
De manière globale :
-les plages et les eaux de baignade sont des endroits gratuits du Domaine Public Maritime qui devraient être continuellement accessibles à tous et de bonne qualité ;
-une contamination bactérienne est une situation anormale qui doit être traitée d’urgence. Quand il y a contamination plusieurs années de suite, c’est le signe que le problème n’a pas été bien traité par les responsables ;
-une fermeture préventive par le maire est la solution la plus facile qui pénalise les baigneurs et reporte le problème à plus tard. Au lieu de minimiser le problème, le maire devrait au contraire défendre ses citoyens en prenant des initiatives vigoureuses pour que des mesures soient prises rapidement pour arrêter les pollutions et retrouver la bonne qualité des eaux.
Particulièrement sur Tréompan :
– une analyse de 2017 sur le ruisseau qui se déverse sur la plage de Tréompan a montré que les bactéries avaient des origines confirmées d’humains et de bovins et suspectées de porcins. Il faut donc des contrôles sur tout le bassin versant au niveau des habitations, des élevages et des épandages ;
-sur Tréompan, la réglementation européenne de 2006 n’est pas appliquée quant à l’information du public. Il manque , sur le panneau posé devant la plage, des informations expliquant les raisons de cette fermeture avec des données des années précédentes ainsi que sur le résumé du profil de baignade (bassin versant contributeur et origines potentielles des pollutions). De plus, en cas de qualité insuffisante, un profil de baignade doit être réalisé tous les 2 ans ; or le dernier affiché sur le site internet date de 2012 ;
-sur Tréompan, le fait de maintenir un panneau affichant en grand « baignade non surveillée » laisse entendre que la baignade est possible. Or, vu l’arrêté de fermeture, il devrait être indiqué à la place « baignade interdite ».
Nos associations pensent que certains maires de communes littorales touchées par des contaminations d’eau de baignade ont tendance à minimiser le problème au lieu de l’affronter pour retrouver rapidement une bonne qualité. Les moyens mis en place pour avertir le public sont dérisoires, les arrêtés d’interdiction ne sont pas respectés, au risque de nuire à la santé des usagers. Ceci pénalise des citoyens, les touristes et l’économie locale. Ces maires ont plutôt tendance à mettre le tort sur les origines humaines des contaminations et occultent les pollutions animales venant des élevages du bassin versant. Selon nous, pour être efficace, il convient d’attaquer toutes les sources de contamination bactérienne en même temps, faute de quoi on n’arrivera pas à éviter ces fermetures de plages pénalisantes pour notre territoire.
Pour plus d’informations :
Jean-Yves Piriou, vice-président d’Eau et Rivières de Bretagne, Tél 06 50 53 86 54 ;
e-mail : jeanyvespiriou@wanadoo.fr
Réponse de Marguerite Lamour (Maire de Ploudalmezeau)
« Faire croire que rien n’est fait est profondément inexact »
Contactée, la maire de Ploudalmézeau, Marguerite Lamour, s’insurge contre les propos des associations de protection de la nature. « Ces associations savent très bien que de nombreuses actions sont menées pour la reconquête de la qualité de l’eau et conséquemment pour l’amélioration de la qualité des eaux de baignade ». « Vouloir faire peur à la population, poursuit-elle, et lui faire croire que rien n’est fait, est profondément inexact et de surcroît incorrect. C’est faire fi du travail de longue haleine mené depuis plusieurs années par les collectivités locales (CCPI, communes littorales, État), la profession agricole et nombre de citoyens avec la mise aux normes des systèmes d’assainissement. La qualité des eaux ne se retrouve pas en un claquement de doigts. Tout le monde s’y emploie ». « En ce qui concerne Tréompan, l’ARS (Agence régionale de santé) a alerté la commune des résultats moyens ou insuffisants des années passées. Voilà pourquoi, j’ai pris la décision de fermer la plage de Tréompan d’une manière préventive cette saison. Cette fermeture n’étant que préventive, l’ARS continue a réalisé des analyses. Les neuf premières ont toutes été de bonne qualité », conclut-elle.