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AVEL VOR – « l’instance locale de suivi » : c’est quoi ce machin ?

Comme on pouvait s’y attendre, le préfet a régularisé l’extension de l’élevage industriel AVEL VOR.

Son arrêté confirme qu’il n’a tenu aucun compte des très nombreuses mises en garde, questions ou informations transmises par les associations et les citoyens lors de l’enquête publique. Il ne prescrit aucune obligation sérieuse de suivi environnemental, par exemple de la qualité des eaux ou de l’air hors des installations d’élevage, ou encore des nappes phréatiques superficielles ou souterraine … Le préfet se limite à de simples mesures techniques visant à montrer que l’exploitant applique correctement les « meilleures techniques disponibles » : vous ne les connaissez pas ? … Mais si ! vous savez bien … celles qui ont conduit l’élevage industriel hors sol à polluer toute l’eau et l’air en Bretagne …
Néanmoins, le préfet s’est tout de même rendu compte qu’il pouvait y avoir par-ci par-là quelques opposants motivés à ce projet ; il est vrai qu’il aurait fallu être sourd et aveugle pour ne pas se rendre compte que ce projet déraisonnable provoquait l’étonnement et l’indignation dans toute la France …
Pas de problème : notre préfet invente une « instance locale de suivi » où les pollués pourront régulièrement rencontrer les pollueurs pour discuter de tout et de rien ! Ainsi, l’arrêté innove en annonçant la création d’un machin, bien sûr contrôlé par le préfet, qui réunira 95% de supporters de l’élevage industriel et 5% d’associations locales, auxquels Avel Vor sera censé présenter quelques résultats de ses suivis d’autosurveillance et fournir des informations déclaratives. Compte tenu des innombrables mensonges et lacunes de l’étude d’impact, on peut déjà douter de ce qu’on y apprendra ; compte tenu de la composition baroque de l’instance, on peut déjà deviner que celle-ci sera en majorité satisfaite.
Mieux encore, cette instance exotique devra proposer dans les trois mois une « méthode de suivi des effets cumulés sur les milieux aquatiques ». Tiens tiens…. il y aurait donc des effets cumulés ? Pourtant, l’étude d’impact n’en dit rien ! Cette grave insuffisance soulignée par les associations dans l’enquête publique n’a pas gêné le préfet pour signer son arrêté de régularisation… Et il suffirait de trois mois pour développer la méthode ? Mais alors, pourquoi le préfet ne l’a-t-il pas demandée avant d’accorder la régularisation ? Il est vrai que le haut niveau technique de l’instance en question (maire, président de communauté de commune, syndicats agricoles… tous spécialistes et experts des milieux aquatiques !) garantit d’avance la qualité de la méthode, si celle-ci voit le jour …
Trêve de plaisanterie. Imposer des mesures de suivi garantissant la protection de la santé et de l’environnement, c’est le rôle du préfet. S’assurer que ces mesures sont appliquées, c’est le rôle des services de l’Etat. Conduire ou faire conduire les études et développer des méthodologies scientifiques dans le domaine de la santé publique, c’est aussi le rôle de l’Etat.

Décidément, on ne voit pas quelle association environnementale irait perdre dans cette instance folklorique le temps précieux de ses bénévoles, qu’elle pourra plus utilement consacrer à affûter le contentieux contre ce projet !

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